Ce week-end : c'était philosophie indienne et yoga, sur le thème des Gunas.
Les gunas sont les caractéristiques qui composent la nature : TAMAS, RAJAS et SATTVA.*
Comparés à 3 fils noir, rouge et blanc qui s'entrecroisent s'équilibrent et se déséquilibrent pour donner vie à la matière (prakriti) composée aussi des 5 éléments (eau, air, espace, terre, feu).
Tamas caractérise ce qui est lourd, pesant, immobile, obscur mais aussi fatigué, démoralisé, déprimé, ignorant. A la fois ce qui donne de la densité à la matière ( solide comme un roc) mais aussi ce qui nous plombe le moral et nous immobilise.
Rajas caractérise ce qui est mobile, agité, excitant, mais aussi rapide, nerveux, colérique, égoïste. A la fois, ce qui caractérise la fluidité de la matière ( agités et rapides comme les chutes d'eau ou un incendie de forêt) et l'agitation de notre mental qui passe son temps à ressasser le passé et imaginer le futur, il nous pousse à courir en tout sens.
Sattva caractérise ce qui est léger, lumineux, transparent, calme, posé, non attaché aux fruits de ses actions... A la fois, l'air pur et la clarté d'une aube et la joie de notre cœur qui l'accueille.
A votre avis, quel guna le yogi doit chercher à développer ?
Sattva! En effet, le yoga a pour but d'apaiser les fluctuations du mental pour permettre à notre conscience lumineuse d'apparaître dans sa vraie nature** et d'expérimenter le monde.
Mais ne nous laissons pas ronger par la culpabilité et le désir d'être ce que nous ne sommes pas!
Le chemin de la connaissance de soi n'est pas un long fleuve tranquille.
Pour cultiver sattva, soyons honnêtes envers nous-mêmes.
Sur le tapis et en-dehors, je m'observe et accueille avec bienveillance ce que j'observe. Je cultive Sattva en diminuant Rajas et Tamas.
Par exemple, ce midi, en conduisant, j'ai oublié de tourner vers ma direction et quelques minutes plus tard, je pestais de devoir faire demi-tour.
Où donc étais - je ? Dans mes pensées... Mon mental agité avait pris le dessus. Un indice pour savoir qu'ici et maintenant, aujourd'hui, et depuis quelques temps, mon tempérament rajasique prend le dessus.
Qu'il va falloir que je me pose, m'accorde des temps pour laisser mon mental se poser. Sur mon tapis, je vais privilégier des postures d'intériorisation et un Pranayama équilibrant. En-dehors du tapis, je sais que la nature et le jardinage vont me calmer.
A d'autres moments, je vais rencontrer tamas, plus de goût à rien, fatiguée et démoralisée, je sens mon corps s'immobiliser, mon mental me souffle de sortir les biscuits et le chocolat et de me laisser couler dans mon canapé. Un peu de repos bien mérité ? Peut-être ou peut-être pas?
Mon côté tamasique va -t-il prendre le dessus... L'immobilité est parfois source d'encore plus de découragement. Je m'observe, je m'accueille avec bienveillance. Juste une petite promenade digestive, un thé avec une amie, une pratique de 10 minutes de yoga, 5 minutes de respiration avec quelques rétention poumons pleins?
Me remettre en mouvement avec simplicité, retrouver le goût de la vie.
Le yoga nous rend plus sensible car sur notre tapis nous apprenons à nous observer. Et ces observations nous permettent de mieux nous connaître, alors, profitons-en pour mettre en place les actions vertueuses car les souffrances futures doivent être évitées.**
* les 3 gunas sont cités dans les textes suivants : la Bagavad Ghita, le Samkhya Karika et dans le fameux Yoga sutra de Patanjali.
**les sutras de Patanjali I-3 et II-16